Nous sommes les hommes

Publié le par web-spiritus.over-blog.com

Nous sommes les hommes. Nous avons construit les murs et les jardins de Babylone, la grande Muraille de Chine, les pyramides de Méroé et le Colisée. Nous avons combattu les uns contre les autres pour conquérir, piller, mais aussi pour préserver notre liberté, nos familles, l’idée même d’humanité. Nous avons commis des atrocités et des actions magnifiques. Nous avons guéri des milliers de malades et nous avons laissé des milliers d’innocents mourir de faim. Nous portons en nous le culte du bouc-émissaire et nous avons accueilli comme des frères et des soeurs, des peuples frappés par le malheur. Nous nous sommes élevés au-dessus du règne animal et nous en avons gardé les caractéristiques. Nous nous battons toujours pour un territoire, un poste, une femme. Et parfois nous faisons plus que cela, nous sublimons l’animal en nous : nous aimons ; nous pardonnons ; nous refusons la lutte lorsque ses conséquences seront pires que si nous ne faisons rien. Nous nous sacrifions avec dignité pour un inconnu. Nous sommes les hommes. Si laids parfois, qu’on a envie qu’ils disparaissent et laissent la terre poursuivre sans eux. Nous sommes les hommes, ne l’oublions pas pour les années qui viennent où nous deviendrons autres. Où la vieille humanité cédera la place à une entité nouvelle qu’on ne nomme pas encore.

Grâce aux mots de ma grand-mère, je me souviens de mon arrière grand-père mort sept ans après la fin de la grande guerre, rongé par les gaz inhalés dans les tranchées. Mort trop tard pour avoir son nom sur le monument. Je me souviens de mes grands-mères, de mes grands-pères, de ce lien avec des temps où on tirait des chars à bras par les rues, où des ânes et des chevaux sillonnaient les villes. Je me souviens de mon dernier grand-parent vivant, amaigri et épuisé sur un lit d’hôpital après la canicule. Je me souviens de son long sommeil, de son air apaisé de nouveau né, si semblable à celui de mon fils tout juste né...

Je sais la haine qui règne entre les peuples encore. Je sais la haine qui me traverse encore parfois. Mais je sais aussi que dans chaque pays du monde, même le plus dur et le plus asséché, il y a des pères et des mères aimants, et parfois, des monstres saisis de surprise par la force de l’amour. 

Célébrons-nous chaque fois que c'est possible et avec nous tout le règne animal et la terre. Car dans un avenir pas si lointain, le monde tel que nous l'avons connu pourrait ne plus être. Non pas à cause d'une catastrophe planétaire mais simplement parce qu'il se transforme ; mais me direz-vous, c'est dans l'ordre des choses. Seulement, la vitesse du changement croit de manière exponentielle ce qui n'avait jamais été constaté dans l'Histoire. Selon les spécialistes de la prospective, nous approchons de plus en plus vite de la convergence de l'intelligence artificielle, des nanotechnologies et de la génétique, convergence qui balaiera notre conception du vivant. Il y a des optimistes parmi eux. Mais cette rapidité des changements pourrait occasionner, engendre déjà, de grandes souffrances.

Nous devons savoir et nous devons être prêts. 

Nous sommes les hommes. Ne l’oublions pas pour les temps à venir.

 

 

 

Publié dans au fil de l'eau

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